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Lettre ouverte à |
Le vendredi 4 juillet 2014
Mesdames et Messieurs les Député-e-s Mesdames et Messieurs les Sénateurs-trices
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Objet : |
Le vieillissement des centrales, premier facteur de risque d’accident nucléaire L’EPR n’aurait pas résisté à Fukushima |
Madame, Monsieur,
Vous voterez dans quelques mois le projet de loi, présenté par Madame Ségolène Royal, qui engage l’avenir énergétique de notre pays pour plusieurs décennies.
Savez-vous que 83 % des réacteurs nucléaires français (soit 48 sur 58) ont déjà dépassé l’âge limite de fonctionnement fixé par ceux qui les ont construits ? Nos réacteurs étaient prévus pour fonctionner pendant seulement 25 ans. La preuve, c’est que leurs architectes n’ont pas mis « hors d’eau » les bâtiments abritant la cuve du réacteur (« hors d’eau » = à l’abri de l’eau par un toit étanche). Devenu poreux, le béton laisse fuir la radioactivité. Résultat : 99 cas de leucémies infantiles ont été constatés entre 2002 et 2007 dans un rayon inférieur à 20 km autour des centrales françaises, selon une étude publiée par l’INRS.
Usure des matériaux, impossibilité de remplacer certaines pièces, risque de défaillances simultanées et augmentation du nombre d’incidents : telles sont les raisons pour lesquelles le vieillissement des centrales est devenu le premier facteur de risque nucléaire en France. Fermer Fessenheim en 2016 est nécessaire, mais ne sera pas suffisant.
Vous trouverez dans le dossier ci-joint Nucléaire : Fukushima, et après ?
de multiples arguments supplémentaires vous convaincre, si vous hésitez encore, de donner à l’Etat la capacité juridique de contraindre EDF à fermer des centrales sans avoir à rembourser ses actionnaires, et de ne surtout pas laisser cette entreprise garder la main sur le pouvoir de décision en la matière.
En définitive, cette industrie du nucléaire travaille à la perte de tous les autres secteurs de l’économie, voués à s’effondrer après la catastrophe.
Au Japon, pour « sauver la face » depuis l’accident de Fukushima survenu en 2011, le gouvernement contraint ceux qui n’ont pas les moyens de partir à rester dans les zones contaminées. Résultat : 74 enfants atteints de cancer de la thyroïde ont été diagnostiqués 3 ans après, selon Shizo Kimura, professeur associé à l’université médicale de Dokkyo, au laboratoire d’épidémiologie, station de Fukushima, qui a fait une conférence à la Mairie du 2ème arrondissement de Paris le 16 mai 2014, à l’initiative des associations Sortir du nucléaire Paris et EchoEchanges ONG France-Japon.
Je ne pense pas que vous ayez envie d’endosser ce genre de responsabilité. Votre seule garantie contre cette éventualité, c’est la fermeture des vieux réacteurs avant l’accident.
Concernant l’EPR, actuellement en construction, j’ai eu l’occasion de converser avec l’un des « managers » du projet devant la maquette du réacteur EPR de Flamanville, présentée à l’occasion de l’Assemblée générale des actionnaires d’EDF le 15 mai 2014 au Carrousel du Louvre. Ce « manager » a été incapable de répondre aux questions suivantes :
Quelle est l’épaisseur du radier ?
En quel matériau est le « cendrier », censé recueillir le corium en cas de fusion accidentelle du cœur ?
Pourquoi ce cendrier est-il situé à côté de la cuve du réacteur et non directement au-dessous ?
Comment être sûr que le corium s’écoulera bien dans le cendrier puisque celui-ci est situé sur le côté ?
Pourquoi ne pas avoir prévu, en cas de rupture totale de l’alimentation électrique, que le système de refroidissement soit automatiquement activé par l’augmentation de la température ?
Pourquoi ne pas avoir prévu qu’avec l’énergie des générateurs de secours, la première action entreprise soit de placer les barres de combustible dans un second cœur de réacteur vide, construit préventivement à côté du premier et uniquement rempli de bore, de façon à stopper les réactions neutroniques et empêcher la fusion des barres de zirconium, inévitable lorsque l’arrêt du circuit de refroidissement se prolonge au-delà de 9 heures ? »
En un mot, ce « manager » a été incapable de démontrer qu’un réacteur EPR résiste à un accident de type Fukushima !
C’est pourquoi je vous invite à prendre connaissance des résultats de mon enquête.
Il serait certainement très productif de les présenter aux responsables d’entreprises et à leurs lobbyistes qui tenteraient de vous influencer à ce sujet.
Je suis certaine que si les responsables du MEDEF et les patrons du CAC 40 savaient à quel point leurs secteurs d’activités respectifs seront impactés par une catastrophe nucléaire, ils vous appuieraient pour accélérer la fermeture des centrales. Albert Frère, premier capitaliste belge, s’est lui-même désengagé d’Electrabel quand il a compris tout cela.
Il ne fait aucun doute que la France ne se remettra pas d’une catastrophe nucléaire sur son territoire. Tous ceux qui en ont les moyens comprendront que la seule solution sera la fuite. Après l’évasion fiscale, l’évasion nucléaire…
Je reste à votre disposition pour toutes les informations que vous pourriez souhaiter, et pour vous rencontrer.
Dans l’espoir que vous vous saisirez de mon enquête, au service du bien commun, j’attends votre réponse, et je vous prie de bien vouloir agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.
Annie Journaliste scientifique.
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