Rions un peu

Par Paul Lafonta.

Vaste cabine…

Je marche avec une canne et un jour, en traversant la rue, j’ai été bousculé par une femme qui traversait également, en sens inverse.

En grande conversation sur son téléphone portable, elle disait à son correspondant : “Je traverse la rue”.

Après notre collision, elle m’a regardé et s’est écriée, l’air agacé :

– “Mais enfin Monsieur, vous ne voyez donc pas que je téléphone !

– Vaste cabine…”, lui ai-je répondu.

Cette anecdote authentique prolonge le chapitre 2 du livre Téléphone portable : comment se protéger.

 

Par Annie Lobé.

10 ans, et déjà…

Samedi 22 novembre 2003, 15 heures. Je croise Ahmed dans une rue de Paris. Un pistolet à la main, il tire des petites billes en plastique jaune. Il tire en l’air, sur les voitures, dans le caniveau. Avec lui, deux autres garçons, dont l’un est également “armé”.

“Vous jouez à quoi ?”Ma question les surprend. Je dois la répéter trois fois. “Vous jouez à quoi ? Moi, quand j’étais petite, je jouais aux Indiens, aux gendarmes et aux voleurs, à la maîtresse d’école. Et vous, vous jouez à quoi ?” Ils se regardent, ne sachant trop quoi répondre. “Euh… on joue aux braqueurs de banque.”

Notre conversation dévie rapidement sur les téléphones portables. Ahmed en a un dans la poche de son pantalon. Le second garçon avec le pistolet a un téléphone portable pendu autour du cou. Quant au troisième, il n’a ni pistolet, ni téléphone portable.

Je leur explique qu’un téléphone portable émet des micro-ondes en permanence, qu’il modifie le fonctionnement de leur cerveau et que s’ils veulent un jour avoir des enfants, il vaut mieux ne pas le laisser dans leur poche de pantalon.

J’ajoute : “Et, même éteint, il peut être localisé.”

Devant leur incrédulité, je précise : “C’est un juge et un pompier qui me l’ont dit. Dites à vos copains que ce n’est pas la peine de voler des portables. On peut les repérer immédiatement. J’ai vu un reportage à la télé. Les flics n’ont pas mis trois semaines pour retrouver une cargaison de portables volés près d’un aéroport. Les voleurs avaient vendu les premiers portables à leurs voisins. En plus, j’ai rencontré sur un parking d’hypermarché un jeune qui sortait de prison pour avoir volé des portables. Il volait depuis longtemps, mais avec les portables, il s’est fait prendre pour la première fois.”

Ahmed ne veut pas me croire. “C’est pas vrai, réplique-t-il. Moi, j’en ai déjà volé plusieurs, des portables. Ils ne m’ont pas attrapé. De toutes façons, ils ne me mettront jamais en prison.”

Moi : “Ah bon, et pourquoi, parce que tu es mineur ?”

Lui : “Non, parce que mon père est à la Bac.”

Moi : “Qu’est-ce que c’est, la Bac”

Lui, l’air très surpris : “Vous ne connaissez pas la Bac ?”

Moi : “Non, mais expliques moi, puisque tu sais ce que c’est.”

Lui. Hésitation. Il cherche ses mots : “Ben, quand il y a des délinquants et que la police ne peut pas les arrêter, la Bac* vient et elle les arrête. Ils sont plus puissants que la police.”

Moi : “Et donc, parce que ton père est à la Bac, la police ne t’arrêtera pas même si tu voles des portables ?”

Lui : “Voilà, c’est ça.”

Moi : “Tu as quel âge ?”

Lui : “Dix ans.”

Je n’en crois pas mes yeux et mes oreilles. Il est presque aussi grand que moi. Ses copains confirment : “Il fait du basket. C’est pour ça qu’il est grand.”

Moi : “Mais ça ne fait pas grandir de faire du basket. Ce n’est pas en sautant pour mettre des paniers qu’on grandit. Tu es sûr qu’ils ne te donnent pas des trucs à boire ou à manger, des hormones de croissance, par exemple ?”

Question idiote. Si c’était le cas, ni Ahmed ni son papa de la BAC ne le sauraient, bien sûr. Devant mon incrédulité sur son âge, il lance : “Je suis né en 1993.”

Et là, force m’est de le croire : il aurait été bien incapable de calculer combien font 2003 – 10 pour inventer une fausse date de  naissance.

Il a donc bien dix ans. Un copain ajoute : “Mais oui, c’est le plus petit.” “Le plus jeune, tu veux dire ?” Hésitations. “Oui, c’est ça.”

Ahmed : “Bon, on va être en retard pour le pain.” Et il s’éloigne avec ses copains, en tirant des balles en l’air. Un autre copain arrivé entre temps repart dans le même sens que moi.

Je lui demande : “Ils ne te font pas peur, tes copains, en tirant partout avec leurs pistolets ?”

Il répond : “Non, ils jouent. Mais ça fait mal, ces billes, quand on en prend une.”

*   *
*

Le hasard fait bien les choses. Trois mois plus tard, je croise de nouveau Ahmed dans la rue. Il m’appelle : “Madame, Madame !”

Et, sachant que cette nouvelle va me faire plaisir, il me dit avec un grand sourire : “J’ai arrêté de téléphoner le soir à ma copine pendant des heures avec mon portable !”

La sagesse des enfants… quelles sont ses limites ?

* Bac : Brigade anti-criminalité.          Retour au texte

Cette anecdote authentique est puisée dans le chapitre 2 du livre Les jeunes et le portable qu’elle prolonge et complète.

 

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