Téléphone portable :
Appel aux médecins
d’Annie Lobé journaliste scientifique

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Appel aux médecins...
Juillet 2007

Nous venons d’apprendre qu’en juin 2007, un garçon de 15 ans a été retrouvé mort par sa mère, un matin dans son lit. Près de sa tête, il y avait son téléphone portable. Il avait pour habitude de l’utiliser ainsi la nuit, allongé dans son lit, pendant de longues heures.

L’autopsie a conclu que l’usage de ce téléphone portable était la cause de la mort.

La divulgation d’un événement aussi dramatique ne doit pas rester confinée aux proches de la victime. Elle ne doit pas non plus être propagée uniquement par Internet.

D’autres informations nous sont déjà parvenues au sujet de cardiologues prévenant des patients ayant réchappé d’un infarctus de ne plus mettre leur téléphone portable dans une poche située sur la poitrine, ou encore de cancérologues constatant l’apparition nouvelle de cancers chez des adolescents ou de jeunes adultes.

Il faut briser l’omerta médicale et scientifique.

Nous demandons aux médecins de ville et aux praticiens hospitaliers qui se livrent à des observations en lien avec la téléphonie mobile de bien vouloir les publier dans des revues scientifiques à comité de lecture.

Ce type de publication s’appelle “étude de cas”. Voici les explications du docteur Trisha Greenhalgh, auteur de “Savoir lire un article médical pour décider, la médecine basée sur les niveaux de preuve (evidence-based medicine) au quotidien”, Edtions RanD 2000, p. 44 (titre original : “How to read a paper, The basics of evidence-based medicine”, BMJ Publishing Group 1997).

“Une étude de cas décrit l’histoire médicale d’un patient unique sous une forme narrative (Mlle B., une secrétaire âgée de 54 ans, présente une douleur thoracique depuis juin 1995…). Les séries de cas regroupent plusieurs études de cas : les histoires de plusieurs patients présentant la même pathologie permettent d’illustrer un aspect particulier de la maladie, de son traitement ou encore, ce qui est fréquent de nos jours, un effet indésirable d’un médicament.

Bien que la force de la preuve apportée par ce type d’études soit habituellement considérée comme faible, une étude de cas peut fournir beaucoup d’informations qui auraient été perdues dans un essai ou une enquête. De plus, les études de cas sont plus directement intelligibles par les praticiens de terrain et le grand public. Au besoin, elles peuvent être rédigées et publiées en quelques jours, ce qui leur confère un avantage certain sur les méta-analyses (dont la gestation peut durer plusieurs années) ou les essais cliniques (plusieurs mois). Un groupe de pression, appelant à la réhabilitation de la modeste étude de cas en tant que contribution utile et valable à la science médicale[1], fait actuellement entendre sa voix au sein de la profession médicale.

Parmi les questions cliniques qui appellent la mise en œuvre d’une étude de cas, citons les exemples suivants :

• Un médecin remarque que deux enfants sont nés sans membres (phocomélie) dans la maternité de son hôpital. Les deux mères ont pris un nouveau médicament (thalidomide) en début de grossesse. Ce médecin veut alerter aussi vite que possible ses collègues du monde entier sur les dangers possibles de ce médicament[2]. Ceux qui jugent les études de cas “précipitées et obscènes” et pensent qu’elles ne sont jamais justifiées sur un plan scientifique devraient se souvenir de cet exemple historique.

• Un patient, qui a déjà pris dans le passé deux médicaments, la terfénadine (pour un rhume des foins) et l’itraconazole (pour une infection bronchique), sans avoir manifesté d’effet indésirable, présente un trouble du rythme cardiaque mettant sa vie en péril le jour où il prend à nouveau ces deux médicaments simultanément. Les médecins qui le soignent suspectent une interaction médicamenteuse[3].”

S’agissant de la téléphonie mobile, la recherche scientifique a été verrouillée au plan national et international bien avant les premiers rapports officiels, confiés à une poignée d’experts rémunérés par l’industrie, qui disposent d’une mainmise totale sur la recherche scientifique publique (voir rubrique Écoles, les courriers adressés en 2004 et 2005 à l’Agence française de sécurité sanitaire environnementale).

Bien que son niveau de preuve soit “considéré comme faible”, la publication d’études de cas est, pour l’instant, la seule façon de faire évoluer la situation.

Les médecins qui souhaiteraient publier, mais ignorent quelles revues scientifiques sont susceptibles d’accepter une étude de cas mettant en cause la téléphonie mobile (téléphones portables et antennes-relais) peuvent obtenir des informations auprès de nous, en prenant contact par courrier postal : SantéPublique éditions, 2 Boulevard Vauban, 66210 Mont-Louis.


Cliquer sur le numéro de chaque note pour remonter dans le texte :

[1] Macnaughton J. Anecdotes and empiricism. Br J Gen Pract 1995 ; 45 : 571-2.

[2] MacBride WG. Thalidomide and congenital abnormalities. Lancet 1961 ; ii : 1368.

[3] Pohojla-Sintonen S, Viitasalo M, Toivonen L et al. Itraconazole prevents terfenadine metabolism and increases the risk of torsades de pointes ventricular tachycardia. Eur J Clin Pharm 1993 ; 45 : 191 - 3.

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