Professeur Pierre Aubineau, CNRS de Bordeaux : L’usage du portable nuit à votre cerveau Interview vidéo Ses déclarations à Annie Lobé Sa publication soumise à la revue scientifique The Lancet Sa lettre à l’éditeur de la revue, Richard Horton
Professeur Roger Santini, Insa de Lyon : Études sur le syndrome des micro-ondes Ses publications scientifiques
Professeur Pierre Le Ruz, Université de Rennes : “La spermatogénèse est bloquée” Les résultats de son étude menée en 1978
Professeur Madeleine Bastide, Faculté de Pharmacie de Montpellier : Le portable rend les hommes infertiles Son conseil à ceux qui veulent savoir où ils en sont par rapport à leur propre usage du portable Sa synthèse des études publiées incluant l’étude sur l’effet de stérilisation par les micro-ondes de faible intensité en exposition continue
Professeur Vini Khurana, neurochirurgien : “Le portable tue plus qu’on ne l’avait imaginé” Interview du 31 mars 2008 par le journal De Telegraaf Son étude de février 2008
Professeur Olle Johansson, Institut Karolinska de Stockholm : “Oh you can !” : sa réponse aux questions d’un homme qui pense qu’on ne peut pas arrêter le portable. Interview vidéo : ses réponses aux questions d’Annie Lobé. “Nous en savons déjà assez pour tout arrêter” Sa déclaration et ses arguments le 23 octobre 2007 Sa contribution au rapport BioInitiative : section 8 "Preuves des effets sur le système immunitaire"
Albert Einstein : “À propos de la dégradation de l’homme scientifique” Extrait du livre Comment je vois le monde Éditions Le Monde Flammarion, octobre 2009.
Professeur Pierre Aubineau L’usage du portable nuit à votre cerveau
Interview du professeur Pierre Aubineau lorsqu’il était directeur de recherche au CNRS de Bordeaux
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Décembre 2007.
Extraits d’interviews réalisées par Annie Lobé en 2002 et 2003. Certains passages ont été publiés en janvier 2003 par le magazine féminin Questions de femmes.
Co-auteur du “rapport Zmirou”[1] sur les affaires sanitaires de la téléphonie mobile, le Pr Aubineau[2] a participé au programme de recherche Comobio, lancé en mai 1999, et dont il a coordonné les études sur les animaux. Spécialiste de la circulation sanguine cérébrale et de la migraine, il a mis en évidence l’ouverture de la barrière sang-cerveau (ou barrière hémato-encéphalique) chez des rats exposés à des micro-ondes, reproduisant les conditions humaines d’utilisation des téléphones portables. Un phénomène qui peut causer la migraine.
À quoi sert la barrière sang-cerveau ?
Pr Aubineau : Le cerveau est un organe hyper-protégé. Ses cellules baignent dans un milieu très particulier dont la composition est maintenue constante par des mécanismes spécifiques. Ses vaisseaux sanguins ont la particularité de ne laisser filtrer que les substances utiles à cet équilibre, en excluant du tissu cérébral nombre d’éléments indésirables qui peuvent être présents dans le sang : des virus et bactéries en cas de maladie, mais aussi des petites molécules qui pourraient interférer avec le fonctionnement des neurones. Après un repas dans un restaurant chinois, par exemple, le sang contient d’importantes quantités de glutamate. Cet additif alimentaire[3] destiné à relever le goût des plats est aussi un puissant stimulant de l’activité neuronale, capable de déclencher une crise d’épilepsie. Dans un cerveau sain, la barrière sang-cerveau l’empêche de pénétrer et d’entrer en contact avec les neurones. Elle ne peut s’ouvrir que sous l’effet de stimuli tels que : forte crise d’hypertension, traumatisme crânien, rayonnements ionisants ou élévation de plusieurs degrés de la température.
Pourquoi effectuer des recherches sur le rat ?
Pr Aubineau : La circulation sanguine cérébrale du rat est très proche de celle de l’homme. Je l’étudie depuis vingt ans pour expliquer des phénomènes tels que la migraine. Cela dit, sa tête est plus petite, c’est pourquoi nous n’avons pas utilisé un véritable téléphone portable. Nous avons reproduit les conditions humaines d’utilisation en exposant la tête des rats à des micro-ondes de 900 mégahertz pulsées à 217 hertz, équivalentes à celles émises par les portables.[4] Grâce à l’utilisation d’une antenne-boucle spécialement étudiée pour cet usage, la puissance d’émission et la diffusion des micro-ondes dans le tissu cérébral étaient proportionnées aux dimensions de la tête de l’animal, ce qui permet d’effectuer des comparaisons avec l’homme.
Ce que vous avez mis en évidence est plutôt inquiétant…
Pr Aubineau : Une solution d’une très grosse protéine, l’albumine séreuse de bœuf liée à un marqueur fluorescent, a été injectée aux animaux avant et pendant l’exposition aux micro-ondes. En temps normal, cette protéine est bien trop grosse pour passer au travers de quelque vaisseau sanguin que ce soit et, a fortiori, au travers des vaisseaux cérébraux. L’expérience a prouvé que, sous l’effet des micro-ondes, l’albumine réussit à traverser la barrière sang-cerveau. Son passage est rendu bien visible par le marqueur fluorescent. Il a été mis en évidence dans le cerveau et la méninge des rats exposés pendant deux heures à 0,18 watts par kilogramme. Ce niveau d’absorption[5] correspond à une excellente qualité de communication. Si l’albumine réussit à traverser la paroi, il est fort probable qu’elle est accompagnée par de nombreux autres éléments sanguins qui n’ont rien à faire dans les tissus cérébraux. Ces derniers ne sont pas aptes à se défendre contre une telle intrusion. À 0,75 watts par kilogramme, le passage est bien visible dans la méninge et dans la partie du cerveau située directement sous l’antenne. À 3 watts[6] par kilogramme, si le phénomène n’est pas visible après dix minutes d’exposition, il est, en revanche, très important après quarante minutes. On peut en déduire qu’il commence à se manifester, chez le rat, à partir de dix à vingt minutes.
Quelles sont vos conclusions ?
Pr Aubineau : Nos expériences mettent en évidence, chez le rat, la perméabilisation de la barrière sang-cerveau par les micro-ondes des téléphones portables. Ce phénomène n’est pas causé par un échauffement des tissus ou par l’augmentation de la pression artérielle, car nous avons contrôlé ces deux paramètres. Il s’agit clairement d’un effet pathologique, au moins parce qu’il entraîne inévitablement la formation de micro-oedèmes dans le tissu cérébral et une réaction inflammatoire de la méninge. Mes recherches antérieures ont montré que le processus migraineux peut être déclenché par une réaction inflammatoire similaire, même en l’absence de facteur extérieur. S’agissant des extrapolations humaines des expériences sur les animaux, les scientifiques sont toujours prudents. Les effets des micro-ondes observés sur le rat sont-ils transposables à l’homme ? Je ne peux l’affirmer. Mais je veux informer le public de nos résultats, car ceux qui ressentent des maux de tête lors de l’utilisation d’un téléphone portable devraient les prendre au sérieux : ils pourraient être un signal de la perméabilisation de leurs vaisseaux sanguins intra-crâniens. Si ce phénomène se produit effectivement, on ne peut pas exclure, sur le long terme, la survenue de pathologies indirectement induites par l’éventuelle pénétration de substances toxiques pour ce tissu sensible.
Vos observations sont-elles confirmées par d’autres études sur l’homme ?
Pr Aubineau : Oui, une étude publiée en 2000 rapporte une augmentation des maux de tête corrélée avec la durée d’utilisation du portable.[7] J’ai insisté pour qu’elle soit mentionnée dans le rapport Zmirou. Il s’agit d’une étude épidémiologique transversale réalisée sur un échantillon aléatoire d’habitants d’un quartier de Singapour, dans le but de comparer la prévalence, c’est-à-dire la survenue, de divers signes subjectifs (maux de tête, étourdissements, fatigue, perte de mémoire…) selon l’usage fait de téléphones mobiles. Dans cette population, constituée de 808 hommes et femmes de 12 à 70 ans, 44,5 % étaient utilisateurs d’un téléphone portable. Une attention particulière a été portée à la maîtrise des biais de sélection et de déclaration des troubles. Les sujets interrogés ne connaissaient pas l’objet de l’étude. Les questions sur les troubles étaient posées avant les questions sur l’usage du portable. La conclusion est claire : les maux de tête sont associés significativement à l’usage d’un téléphone mobile, avec une prévalence croissant selon la durée d’usage déclarée (jusqu’à 1 h par jour). Signalons que les utilisateurs de téléphone portable déclaraient moins de maux de tête s’ils étaient équipés d’un kit-oreillette (41,7% en cas d’usage constant, 54 % en cas d’usage irrégulier et 65 % pour les non-utilisateurs d’une oreillette).
De nombreux utilisateurs de téléphone portable ressentent une sensation de chaleur à la tête pendant les communications. Comment expliquez-vous cela ?
Pr Aubineau : Le cerveau est un organe extrêmement bien régulé en température. Il est programmé pour maintenir sa température à 37 °C. Dans les situations extrêmes de grand froid ou de grande chaleur, un système de régulation le maintient à température constante. Par grand froid, le sang se retire des extrémités pour continuer à irriguer le cerveau au maximum. Par grande chaleur, le débit sanguin s’accélère pour rafraîchir le cerveau, à la manière du radiateur d’un moteur de voiture, et la transpiration augmente pour évacuer la chaleur.
La température cérébrale ne s’élève que dans des situations pathologiques. En cas d’infection, la température monte, la fièvre s’installe temporairement pour détruire virus et bactéries. Mais l’excès de chaleur empêche le fonctionnement normal du cerveau et notamment la concentration.
Les micro-ondes chauffent de l’intérieur vers l’extérieur. Or, l’ensemble du cerveau est dépourvu de récepteurs de chaleur, uniquement disposés au niveau de l’hypothalamus et de la peau.
Selon le professeur Roger Santini, de l’INSA de Lyon, qui a publié en 2002 une étude rapportant des sensations de chaleur à la tête chez de jeunes utilisateurs lors de l’utilisation d’un téléphone portable[8], la “bulle de chaleur” est déjà présente à l’intérieur avant d’être perçue en périphérie.
Toute sensation de chaleur à la tête lors de l’utilisation d’un téléphone portable signifie que les mécanismes de régulation thermique ont été dépassés et n’arrivent plus à évacuer la chaleur induite par les micro-ondes émises par cet appareil.
Il s’agit donc d’un phénomène à prendre au sérieux.
Lire l’étude du professeur Pierre Aubineau.
[1]Les téléphones mobiles, leurs stations de base et la santé, Décembre 2001, 440 pages, 19 euros. La Documentation Française, 01 40 15 70 00.
[2]Directeur de recherche au CNRS, laboratoire de Signalisation et interactions cellulaires, UMR 5017, université de Bordeaux 2 : Les micro-ondes des téléphones portables altèrent la circulation sanguine cérébrale.
[3]Autorisé par la directive européenne CE 94/36/CE transcrite en droit français par l’arrêté du 2 octobre 1997 (JO du 8 novembre 1997). Numérotation CE : E 620 à E 625.
[4]En réalité, les signaux de la téléphonie mobile GSM, seule disponible en Europe, sont beaucoup plus complexes. Lire à ce sujet le livre écrit par trois professeurs de l’École nationale supérieure des télécommunications de Rennes et de Sup’Com de Tunis, Xavier Lagrange, Philippe Godlewski et Sami Tabbane, Réseaux GSM, paru en 2000 chez Hermès Science Publication (5e édition).
[5]Appelé en français “DAS”, débit d’absorption spécifique, et en anglais “SAR”, specific absorption rate.
[6]Le Conseil de l’Union européenne a fixé, en 1999, le seuil maximum à 2 watts par kilogramme. Ce seuil a été adopté en France par le décret n° 2002-775 du 3 mai 2002 (JO du 5 mai 2002).
[7]Chia SE, Chia HP, Tan JS (2000) Prevalence of headache among handheld cellular telephone users in Singapour : a community study. Environmental Health Perspective 108 : 1059-1062. Cette étude est citée p. 176-177 du rapport Zmirou.
[8]Santini R et al. (2002) Symptoms experienced by users of digital cellular phones : a study of a French engineering school. Electromagnetic Biology and Medicine 21 : 81-88.
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Professeur Roger Santini Études sur le syndrome des micro-ondes
Publications scientifiques du Professeur Roger Santini, Insa de Lyon :
Santini R et coll. (2001) Symptômes exprimés par des riverains de stations relais de téléphonie mobile. La Presse médicale 30 : 1594.
Santini R, Santini P, Danze JM, Le Ruz P, Seigne M (2002) Enquête sur la santé de riverains de stations-relais de téléphonie mobile : I/Incidences de la distance et du sexe. Pathol Biol 50 : 369-73.
Santini R et al. (2003) Survey study of people living in the vicinity of cellular phone base stations. Electromagnetic Biology and Medicine 22 : 41-49.
Santini R et al. (2002) Symptoms experienced by users of digital cellular phones : a study of a French engineering school. Electromagnetic Biology and Medicine 21 : 81-88.
Dès 2003, les études publiées par le Professeur Roger Santini étaient corroborées par deux autres, l’une suisse, l’autre espagnole :
Röösli M, Moser M, Baldinini Y, Meier M, Braun-Fahrländer C Symptoms of ill health ascribed to electromagnetic field exposure A questionnaire survey. Étude réalisée entre juin 2001 et juin 2002, financée par l’Office fédéral suisse de santé publique de Berne en Suisse.
Navaro EA et al. (2003) The microwave syndrom : a preliminary study in Spain. Electromagnetic Biology and Medicine 22 : 161-169.
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Professeur Pierre Le Ruz “La spermatogénèse est bloquée.”
Voici les résultats de l’étude menée en 1978 à l’Université de Rennes par le Professeur Pierre Le Ruz.
Une équipe française incluant le professeur Pierre Le Ruz, alors en poste au laboratoire de Physiologie des régulations de l’université de Rennes, a publié en 1978 une étude intitulée : “Effets de l’exposition du rat nouveau-né aux micro-ondes sur le développement ultérieur des gonades et des surrénales”.* Les animaux ont été exposés juste après la naissance, pendant quinze jours consécutifs,** puis sacrifiés à 90 ou à 140 jours. Le résultat observé est une réduction significative de la taille et du poids des organes sexuels, tant pour les testicules que pour les ovaires. Chez les mâles : “Les tubes séminifères des animaux irradiés à la naissance sont fermés et la spermatogénèse semble bloquée.” Chez les femelles : “Le nombre d’ovocytes est réduit.”
* Source : Maniey, Le Ruz, Plurien (1978) Effets de l’exposition du rat nouveau-né aux micro-ondes sur le développement ultérieur des gonades et des surrénales. Société française de radioprotection, IXème congrès international, 22-26 mai 1978, Nainville-les-Roches (France) : SIII-3, Effets biologiques des rayonnements non ionisants : utilisation et risques associés, p. 257-263.
** Micro-ondes de 3 000 mégahertz pulsées à 500 hertz, à des densités de puissance mesurées de 5 à 10 mW/m2, “évitant ainsi les effets thermiques”.
(Ce texte est extrait de l’article “Non, le portable n’est pas bio” d’Annie Lobé, paru en février-mars 2008 dans la revue Nature & Progrès).
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Madeleine Bastide Faites un spermogramme
Ce conseil du professeur Madeleine Bastide figure à la fin de l’article Téléphone portable et infertilité masculine.
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Si les téléphones portables ont de tels effets nocifs sur la spermatogénèse, cela signifie que de nombreux utilisateurs sont déjà atteints, à leur insu.
Pour en avoir le cœur net, vous pouvez suivre le conseil du professeur Madeleine Bastide, qui a réalisé une expérience au cours de laquelle un téléphone portable était placé sur un plateau d’œufs de poules fécondées. La mortalité des embryons était de 60 % dans le lot exposé, contre 10 % pour les œufs placés dans les mêmes conditions, mais non exposés à un téléphone portable. (Bastide 2001) [11]
Lorsque je l’ai rencontrée en octobre 2002, à l’occasion du colloque scientifique “Entretiens internationaux de Monaco”, Madeleine Bastide m’a fait la confidence suivante : “Pour les hommes qui veulent savoir où ils en sont par rapport à leur utilisation du téléphone portable, c’est très simple : ils n’ont qu’à faire un spermogramme !”
Qu’est-ce qu’un spermogramme ? Une analyse de sperme qui peut être faite discrètement, sans prévenir votre entourage. Si vous acceptez de ne pas être remboursé par la Sécurité Sociale (cela ne coûte qu’une vingtaine d’euros), votre médecin ne sera au courant de rien. Dans le cas contraire, vous devrez lui demander une ordonnance.
Vous prenez simplement rendez-vous dans un laboratoire d’analyses médicales, en précisant que vous voulez une analyse du nombre de spermatozoïdes, de leur motilité (mobilité) et du nombre de spermatozoïdes anormaux.
Voici l’explication donnée par la responsable d’un laboratoire : “Le recueil du sperme est effectué directement par le client, dans le laboratoire, au moyen d’une masturbation. La seule condition pour obtenir des résultats valides est une abstinence totale pendant les trois ou quatre jours précédents (ni plus, ni moins).”
Les curieux (ou les sceptiques) savent maintenant ce qu’il leur reste à faire...
Ceux qui croient que “pour l’instant, rien n’est prouvé” peuvent vérifier par eux-mêmes avant d’affirmer qu’ils ne sont “pas concernés” à titre personnel par les effets nocifs de leur téléphone portable !
Y compris s’ils ont déjà des enfants, ou n’en veulent pas...
[11] Bastide M, Youbicier-Simo BJ, Lebecq JC, Giaimis J (2001) Toxicologic study of electromagnetic radiation emitted by television and video display screens ans cellular telephones on chickens and mice. Indoor Built Environment 10 : 291-298.
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Professeur Olle Johansson “Nous en savons déjà assez pour tout arrêter !”
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Par Annie Lobé 7 novembre 2007.
C’est ce qu’a déclaré le professeur suédois Olle Johansson lors de conférences organisées à Paris le 23 octobre 2007 par le Criirem (Centre de recherche et d’information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques).
Le Pr Johansson, professeur associé de l’unité de Dermatologie expérimentale du département de Neurosciences à l’Institut Karolinska de Stockholm en Suède, étudie depuis plus de dix ans le phénomène de l’électrosensibilité, une allergie à l’électricité qui se déclenche chez un nombre croissant de personnes dans toute l’Europe.
Il est l’un des auteurs du rapport BioInitiative paru en août 2007 (www.bioinitiative.org), un document de 600 pages rédigé par 14 chercheurs qui dressent un bilan des effets scientifiquement prouvés des rayonnements électromagnétiques : déclenchement des leucémies infantiles, des cancers du sein, du cerveau et de l’oreille, effets neurologiques et comportementaux, diminution de la mélatonine pouvant expliquer à la fois l’augmentation des cancers et de la maladie d’Alzheimer, expression de protéines de stress, effets génotoxiques, perturbation de la fonction immunitaire et de la signalisation cellulaire.
Au sujet des téléphones portables, le professeur Johansson a déclaré : “Ce ne sont que des jouets. Les études ont suffisamment démontré les effets néfastes qu’ils provoquent pour que nous réfléchissions avant de décider si nous voulons vraiment continuer de les utiliser.” Et il a ajouté en aparté : “J’ai été très surpris de voir à Paris ceux qui luttent contre les antennes-relais utiliser un téléphone portable. Comment pouvez-vous être crédibles ?, leur ai-je demandé.” Quant aux pastilles censées protéger contre les effets nocifs des ondes : “En Suède, les associations de consommateurs ont très vite mis le holà sur la vente de ces produits inutiles. Ils ne sont pas commercialisés.”
Ses recherches ont commencé par l’étude des effets cutanés d’une exposition aux écrans d’ordinateur. “Les lésions cutanées observées chez les personnes électrosensibles étaient d’un genre nouveau, inconnu. En examinant la littérature scientifique, nous nous sommes rendu compte qu’elles correspondaient aux manifestations qui se déclenchent chez des personnes atteintes par des rayons ionisants. Ce que les rayons ionisants font en quelques secondes se produit après plusieurs heures chez les utilisateurs d’ordinateurs, qu’ils perçoivent ou non unmalaise pendant l’utilisation. Nous sommes arrivés à cette conclusion après avoir examiné les cellules cutanées de jeunes étudiants en bonne santé qui ne ressentaient aucune gêne devant un ordinateur.”
Le Pr Johansson a révélé qu’il ne recevait plus aucun crédit de recherche. “On ne me laisse pas poursuivre mes recherches. Pourquoi, à votre avis ? Je suis surpris par les propos nuancés de certains chercheurs qui dénoncent, comme moi, les graves effets délétères de la téléphonie mobile, mais disent qu’il faut encore attendre dix ou vingt ans avant de se prononcer. Avec ce discours, ils bénéficient à la fois de subventions et de l’attention du public. Mais le public est trompé.”
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Albert Einstein “À propos de la dégradation de l’homme scientifique”
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Extrait du livre Comment je vois le monde
Éditions Le Monde Flammarion, octobre 2009, p. 239-241.
“Je ne considère pas automatiquement comme un homme scientifique celui qui sait se servir d’instruments et de méthodes jugés scientifiques. Je ne pense qu’à ceux dont l’esprit se révèle vraiment scientifique.
À l’heure actuelle, quelle situation est faite dans le corps social de l’humanité à l’homme de science ? Dans une certaine mesure, il peut se féliciter que le travail de ses contemporains, même de façon très indirecte, ait radicalement modifié la vie économique des hommes parce qu’il a éliminé presque entièrement le travail musculaire. Mais il est aussi découragé puisque les résultats de ses recherches ont provoqué une terrible menace pour l’humanité. Car les résultats de ses investigations ont été récupérés par les représentants du pouvoir politique, ces hommes moralement aveugles. Il réalise aussi la terrible évidence de la phénoménale concentration économique engendrée par les méthodes techniques issues de ses recherches. Il découvre alors que le pouvoir politique, créé sur ces bases, appartient à d’infimes minorités qui dirigent à leur gré complètement une foule anonyme de plus en plus privée de toute réaction. Plus terrible encore s’impose à lui cette constatation. Cette concentration du pouvoir politique et économique autour de si peu de personnes n’entraîne pas seulement la dépendance matérielle extérieure de l’homme de science, elle menace en même temps son existence profonde. En effet, par la mise au point de techniques raffinées pour diriger une pression intellectuelle et morale, elle interdit l’apparition de nouvelles générations d’êtres humains de valeur, mais indépendants.
L’homme de science aujourd’hui connaît vraiment un destin tragique (…) Avec toute l’intelligence souhaitable, il comprend que, dans un climat historique bien conditionné, les Etats fondés sur l’idée de Nation incarnent le pouvoir économique et politique et donc le pouvoir militaire, et que tout ce système conduit inexorablement à l’anéantissement universel. Il sait que, dans les méthodes actuelles d’un pouvoir terroriste, seule l’instauration d’un ordre juridique supranational peut encore sauver l’humanité. Mais l’évolution est telle qu’il subit sa condamnation au statut d’esclave comme inéluctable. Il se dégrade tellement profondément qu’il continue, sur ordre, à perfectionner les moyens destinés à l’anéantissement de ses semblables.”
Phrases mises en exergue par Annie Lobé.
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